Loin d’une déprime saisonnière, c’est une vraie maladie qui ne se soigne pas en un clin d’œil mais qui nécessite un vrai travail sur soi.
Longtemps, il s’est dit que la population française était la plus grosse consommatrice d’antidépresseurs et d’anxiolytiques d’Europe. En 2018, une étude de l’OCDE est venue contredire cette croyance: il se consomme un peu moins de cinquante cachets pour 1.000 habitants en France, celle-ci se situant aux alentours de la moyenne des vingt-huit pays étudiés. En 2015, c’était en fait en Islande qu’on consommait le plus d’antidépresseurs.
La dépression est une affection psychologique qui s’accompagne d’un dérèglement hormonal, en particulier de la sérotonine, de la dopamine, de la noradrénaline, de l’endorphine et du cortisol. Elle se soigne principalement par la prise de médicaments et par un encadrement strict du traitement par des professionnels. Être dépressif ou dépressive est donc un état bien éloigné de la petite déprime saisonnière ou du coup de blues suivant une déception sentimentale ou professionnelle.
Le DSM-5, version la plus récente du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l’Association Américaine de Psychiatrie, définit la personne dépressive comme atteinte d’au moins deux des troubles suivants:
- perte d’appétit ou hyperphagie,
- insomnie ou hypersomnie,
- baisse d’énergie, fatigue,
- faible estime de soi,
- difficultés de concentration ou difficultés à prendre des décisions,
- sentiments de perte d’espoir.
Le manuel évoque aussi d’autres formes de dépressions, comme la détresse anxieuse, dont les symptômes sont les suivants:
- nerfs à fleur de peau,
- agitation nerveuse inhabituelle,
- difficultés de concentration dues à des soucis,
- peur que quelque chose de terrible n’arrive,
- peur de perdre le contrôle.
La bipolarité entre également dans la classification des types de dépression. On parle de caractéristiques mixtes et les symptômes sont:
- humeur expansive élevée,
- augmentation de l’estime de soi ou idées de grandeur,
- fait de parler plus que d’habitude,
- fuite des idées ou l’impression que les idées défilent,
- augmentation des activités à haut potentiel de conséquences dommageables,
- diminution du besoin de sommeil.
Moins de boutons, plus de dépression
Le DSM-5 définit aussi des troubles dépressifs inhérents à des situations particulières, comme le trouble induit par une affection médicale ou le trouble induit par médicament. C’est le cas par exemple du Roaccutane, célèbre médicament utilisé dans le traitement contre l’acné, qui provoquerait chez les patients, souvent jeunes, des crises dépressives. En choisissant ce traitement pour avoir une plus belle peau, on courrait donc un sérieux risque de devenir suicidaire. Les possibilités de développer un état dépressif lorsqu’on prend une pilule contraceptive sont évoquées depuis des années… sans qu’une réelle réponse ne soit apportée à un niveau global.
La dépression gagne du terrain partout sur la planète. Parfois romantisé, ce triste constat fait aussi l’objet de réflexions et d’exploitations ironiques. Depuis sept ans, l’humoriste Raphaël Mezrahi propose «La nuit de la déprime», un spectacle décalé dont le but est de «réunir tous les artistes qui nous font pleurer, pour mieux nous consoler de la dépression». La dernière édition en date a eu lieu en février 2020 aux Folies Bergère et fut décrite par le trublion comme «une soirée de franche rigolade contre la dictature du bonheur».
Une sélection d’artistes sont venus interpréter chansons et sketches sur scène, tandis que dans la salle, le public était invité à porter «des tenues sombres et afficher les mines les plus tristes possibles».