Les autorités afghanes ont annoncé ce vendredi qu’elles avaient commencé à libérer les 400 prisonniers taliban. Leur libération doit permettre le début des négociations de paix.
Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, Javid Faisal, a tweeté qu’un groupe de 80 détenus avaient été libérés ce jeudi 13 août, ce qui va « accélérer les efforts en vue des discussions directes et d’un cessez-le-feu durable et national ».
Le sort de ces 400 talibans a été un des principaux freins au démarrage des négociations, maintes fois repoussées, entre les insurgés et le gouvernement afghan, qui s’était engagé à procéder au préalable à un échange de prisonniers.
Des prisonniers impliqués dans des attaques
Une « loya jirga », grande assemblée afghane composée de milliers de dignitaires, responsables étatiques et chefs tribaux, a accepté ce dimanche le principe de la libération des 400 talibans. Le président Ashraf Ghani a signé, ce lundi, un décret ordonnant leur libération, ont annoncé ses services.
Certains des prisonniers ont cependant été impliqués dans des attaques meurtrières qui ont tué des Afghans et des étrangers. Et 44 sont particulièrement surveillés par les États-Unis et d’autres pays pour leur rôle dans des attaques visant des cibles de premier plan.
Kaboul a déjà relâché près de 5 000 talibans, mais les autorités afghanes avaient jusqu’ici refusé de libérer les 400 derniers captifs réclamés par les insurgés.
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La libération de « criminels endurcis » et de trafiquants de drogue va « vraisemblablement représenter un danger pour nous, pour (les États-Unis) et pour le monde », a mis en garde jeudi Ashraf Ghani lors d’une vidéoconférence organisée par un centre de réflexion de Washington, le Council on Foreign Relations. La paix a un coût et avec cette libération « nous payons le plus gros versement, ce qui signifie que la paix aura des conséquences », a-t-il dit.
156 de ces prisonniers condamnés à vie
C’est sous la pression de Washington que le président afghan a cédé sur la la libération de ces 400 prisonniers talibans de grande valeur. 156 d’entre eux étaient condamnés à vie pour les crimes qu’ils avaient commis. Peu d’informations filtrent à leur sujet. Plusieurs sources gouvernementales affirment cependant que plusieurs ont été condamnés pour des crimes de guerre et contre l’humanité, impliqué dans des attaques meurtrières ayant coûté la vie à de nombreux civils et plusieurs étrangers dont des Américains et des Français, rapporte notre correspondante à Kaboul, Sonia Ghezzali.
Au sein du gouvernement, les quelques voix qui se délient le font sous couvert d’anonymat. Ils confient avoir des sentiments partagés. Un membre du conseil de sécurité national est dépité. « Cette libération est pour montrer au peuple que l’espoir et le rêve de paix deviennent réalité dit-il. Voyons maintenant si les talibans retournent ce geste de bonté ». Si les médias parlent d’un pas décisif vers la paix. Farid, un autre employé gouvernemental dit se sentir méprisable et triste. Selon lui les talibans ne veulent pas la paix. « Regardez le niveau de violence qui n’a pas baissé », lance ce spécialiste des questions de sécurité.