Avant de conclure que le divorce est une manie des jeunes générations, une mise en perspective historique s’impose.
Hmmm, il est peut-être plus judicieux de se poser la question dans l’autre sens: pourquoi les mariages anciens duraient-ils?
La réponse tient selon moi à la combinaison de trois facteurs:
- la législation sur la famille
- l’influence de l’Église
- la condition économiques des femmes.
Évolution juridique
Tout d’abord, la légalisation du divorce et les différentes lois concernant la reconnaissance des enfants hors mariage et leur droit à l’héritage.
L’impact de la légalité du divorce est assez évident quand on y réfléchit: s’il est illégal de divorcer, les gens restent mariés.
Avant la Révolution française, le mariage est un sacrement religieux. Et pour défaire ce que Dieu a fait, il faut se tourner vers un tribunal religieux.
En pratique:
- s’adresser vers un tribunal ecclésiastique pour réclamer justice, au prétexte d’un préjudice subi. Ce tribunal étudie la situation, prend en compte les preuves et rend son verdict, à savoir si la victime est dans son droit et que cela justifie un divorce. Coût: cela peut énormément varier, en fonction de la «réalité» des faits reprochés et de votre statut social.
- si l’Église approuve, on peut alors s’adresser au Parlement, qui décide de prononcer ou non le divorce. Coût: environ 600 livres.
Le divorce doit être approuvé à la fois par les autorités religieuses et législatives, donc ce n’est pas parce qu’on le demande qu’on l’obtiendra forcément. Par exemple, si on se plaint que sa femme a commis un adultère, il est possible que le tribunal religieux tranche en exigeant une réparation de la part de l’amant; pour autant, il n’y aura pas de divorce.
(À noter que c’est exactement le genre de décision qui a conduit au schisme de Henri VIII et à la création de l’Église anglicane.)
De plus, un divorce implique généralement une interdiction de remariage (sauf si on obtient une dérogation, souvent contre monnaie sonnante et trébuchante, évidemment).