Alors que la crise sanitaire a accentué nombre de difficultés économiques sur le continent, certains secteurs tels le numérique et l’énergie pourraient constituer une réponse positive à la situation.
L’image de la mer qui se retire n’est pas seulement une métaphore poétique, c’est aussi une parabole utilisée par les économistes pour évoquer l’immense découvert, au propre comme au figuré, provoqué par une crise. Le milliardaire américain Warren Buffett proférait ainsi : « C’est quand la mer se retire qu’on voit ceux qui se baignent nus » pour mettre en garde les preneurs de risques excessifs, les tacticiens de l’instant, balayés par un retournement de conjoncture.
Pour l’Afrique, la crise du Covid-19 vient accroître des difficultés déjà importantes : une dette excédant 50 % du PIB et des budgets subissant les conséquences du défi sécuritaire et du changement climatique. À cela s’ajoute désormais une chute brutale des recettes budgétaires face à des dépenses accrues pour lutter contre la pandémie et la crise socio-économique qui en résulte.
Les mesures adoptées pour les États africains se résument principalement à des allègements de dette ou à des moratoires sur le service de la dette publique bilatérale. En dehors d’une marge de manœuvre budgétaire immédiate, ces mesures n’apportent pas de solutions structurelles aux difficultés des États, et présentent des inconvénients importants. Selon le ministre béninois de l’Économie et des Finances, Romuald Wadagni, « un allègement de la dette ou un moratoire ternira davantage l’image des États, notamment la perception de leur qualité de crédit, et compromettra leur accès aux financements futurs ».
Éléphants blancs et infrastructures mal dimensionnées
Les institutions multilatérales et les banques de développement devraient au contraire mettre à profit leur qualité de crédit (et leur accès aux financements à taux presque nul) pour relancer des économies africaines via des financements concessionnels. Grâce à cette liquidité nouvelle, les gouvernements africains pourraient se concentrer sur la protection des populations les plus fragiles, soutenir leur secteur privé et limiter l’impact économique de la crise. Mais, en retour, ils devront rendre des comptes, faire preuve de plus de transparence, publier des prévisions fiables, mettre en place des réformes fiscales et économiques.