Apparue au lendemain de la Coupe du Monde 1998 et terminée la veille de la présidentielle de 2002, la série de Canal+ incarne une époque où la France était fière d’être métissée.
S’intéresser à la portée de H, c’est d’abord se heurter à un refus. Celui des différent·es professeur·es en études cinématographiques et audiovisuelles contacté·es pour les besoins de ce papier. «Je n’ai pas vu cette série et ne peux donc pas en parler», telle est la réponse de ces universitaires à chacun des mails envoyés pour tenter de comprendre la place qu’occupe la série de Canal+ dans le paysage télévisuel français. À croire que H, malgré son statut de série culte, sa diffusion annuelle sur différentes chaînes hertziennes et son entrée fracassante sur Netflix, ne jouit pas de la même attention que d’autres programmes hexagonaux, jugés plus sérieux (Le Bureau des légendes, Les Revenants), plus passe-partout (Plus belle la vie) ou plus en phase avec l’état d’esprit d’une génération (les programmes d’AB Productions, par exemple).
Sur le fond, on comprend: H ne peut pas être a priori considérée comme une série à même de poser une réflexion sur le monde de l’entre-deux siècles. Ici, on est avant tout dans le registre de l’absurde et du burlesque, où chaque situation doit déboucher sur un gag puéril, où l’on se moque sans gêne de tout –des femmes, des homos, du racisme, des suicidaires, des violences conjugales, des nain·es, etc.–, systématiquement au détour de vannes calibrées pour le rire collectif.
Pourtant, sous son insignifiance, H dit quelque chose de profond sur son époque, celle de la fin des années 1990 et du début des années 2000. Car, dans les comédies pareillement débiles –celles, par exemple, des frangins Farrelly (Dumb & Dumber, Mary à tout prix) ou de Seinfeld, dont H s’inspire ouvertement–on n’avait encore jamais croisé un tel métissage au sein du casting principal.