Aux confins sud-ouest de la Centrafrique, le coronavirus est encore une réalité lointaine. « Les génies de la forêt nous protègent ! », rigole Marc, un pygmée à la barbe blanche, étonné qu’on lui refuse une poignée de main potentiellement contagieuse.
Et à qui s’en remettre, sinon aux génies, dans un pays aux infrastructures de santé quasiment inexistantes, alors que l’immense majorité des pygmées sont, de toute façon, trop pauvres pour consulter un médecin ?
Isolement
Pour l’heure, le virus n’a pas encore atteint la réserve protégée de Dzanga Sangha, un sanctuaire relié au reste du monde par une piste étroite, inaccessible à la première pluie. Cet isolement constitue aujourd’hui la meilleure défense pour les pygmées Bayaka, parias dans un pays déjà classé parmi les plus pauvres au monde.
Alors que l’épidémie s’accélère en Centrafrique avec, officiellement, plus de 1 000 cas détectés, mais seulement quatre décès début juin, les Bayaka de Dzanga Sangha iront passer leur confinement en forêt pour éviter la contagion. « On leur a demandé de partir vivre dans leurs campements de chasse pour trois mois », explique Luis Arranz, en charge du parc national pour le Fonds mondial pour la nature (WWF).
Chaque semaine, on va déposer le manioc, les médicaments. Il faut (…)