L’utilisation des logiciels de l’entreprise a été multipliée par 30 en avril, la pandémie de coronavirus ayant obligé des millions de personnes à travailler, à apprendre et à se rencontrer à distance.
À son apogée, l’entreprise comptait plus de 300 millions de participants quotidiens à des réunions virtuelles, tandis que le nombre de clients payants a plus que triplé.
A la fin du premier trimestre, Zoom comptait environ 265.400 clients payants, des entreprises comptant chacune au moins 10 employés – soit un bond de 354% par rapport à l’an dernier, d’après la société basée à San Jose, dans la Silicon Valley.
Zoom a déclaré qu’elle s’attendait à des ventes de 1,8 milliard de dollars cette année, soit environ le double de ce qu’elle avait prévu en mars.
« C’est une énorme opportunité », a déclaré le directeur général Eric Yuan aux investisseurs mardi.
L’affichage en « mosaïque », avec tous les visages des participants, est devenu un symbole du confinement, copié ensuite par les géants des outils de communication, de Facebook à Google, en passant par Microsoft.
Comment Zoom a-t-il vu le jour ?
M. Yuan n’avait pas l’intention de créer Zoom pour le grand public.



Ingénieur logiciel d’origine chinoise, M. Yuan a créé la société en 2011, après avoir passé des années à gravir les échelons chez WebEx, l’une des premières sociétés de vidéoconférence américaines, qui a été achetée par Cisco en 2007 pour 3,2 milliards de dollars.
À l’époque, il a dû faire face aux doutes de nombreux investisseurs, qui ne voyaient pas la nécessité d’une autre option sur un marché déjà dominé par de grands acteurs tels que Microsoft et Cisco.
Mais M. Yuan – qui a attribué son intérêt pour la vidéoconférence aux longues distances qu’il a dû parcourir pour rencontrer sa femme dans leur jeunesse – était frustré par Cisco et pensait qu’il y avait une demande dans le monde des affaires pour des logiciels qui fonctionneraient sur les téléphones portables et seraient plus faciles à utiliser.
Lorsque la société a vendu ses premières actions au public l’année dernière, elle était évaluée à 15,9 milliards de dollars. Elle a atteint plus de 58 milliards de dollars mardi dernier.
« Ce que Zoom a fait, c’est démocratiser la vidéoconférence pour toutes sortes d’entreprises et rendre le déploiement de la vidéo très simple pour tout le monde, des professeurs de yoga aux dirigeants de salles de conférence », explique Alex Smith, directeur principal chez Canalys.



Lorsque le confinement a commencé, Zoom a levé les limites de la version gratuite de son logiciel en Chine et pour les éducateurs dans de nombreux pays, y compris le Royaume-Uni, contribuant ainsi à sa popularité.
Mais les clients de l’entreprise sont des sociétés, qui paient pour des abonnements et des fonctionnalités améliorées.
Zoom a déclaré mardi que les ventes ont fait un bond de 169 % en glissement annuel au cours des trois mois précédant le 30 avril, pour atteindre 328,2 millions de dollars, alors qu’elle a ajouté plus de 180 000 clients avec plus de 10 employés depuis janvier – bien plus que ce qu’elle avait prévu.
Elle a également réalisé un bénéfice de 27 millions de dollars au cours du trimestre, soit plus que pour l’ensemble de l’exercice précédent.



Une réputation mise à mal
Mais tout n’a pas été rose pour Zoom: l’afflux massif et soudain de nouveaux utilisateurs a entraîné des problèmes de sécurité et révélé des défauts dans la gestion des données confidentielles.
L’application a notamment souffert du « Zoombombing », nom donné au phénomène des intrusions de personnes mal intentionnées dans des appels vidéo privés.
L’Etat de New York a annoncé le mois dernier avoir trouvé un accord avec le groupe, qui doit en conséquence améliorer la protection de la plateforme contre les menaces de cybersécurité.
Cet accord a mis fin à une enquête lancée en mars par la procureure de l’Etat, Letitia James, sur les failles du logiciel.
L’adoption massive a également mis l’entreprise à rude épreuve, l’obligeant à investir pour accroître sa capacité afin de répondre aux besoins de nouveaux utilisateurs, dont beaucoup ne sont pas des clients payants.
Sa réputation a également été mise à mal, car cette nouvelle attention a incité les pirates informatiques à détourner des réunions et a révélé une série de failles de sécurité.