Les écoles primaires et maternelles ont rouvert leurs portes ce mardi matin, malgré une affluence exceptionnellement faible.
Après huit longues semaines de confinement, voilà que les 130 000 professeurs du primaire chargés d’accueillir plus d’un million d’écoliers entamaient, ce mardi 12 mai, une rentrée inédite. Port du masque, marquage au sol, distanciation sociale et groupes réduits, un protocole sanitaire très strict avait été établi dans l’ensemble des écoles de l’Hexagone afin d’optimiser la réussite de ce retour en classes. En Nouvelle-Aquitaine – la région la moins touchée de France par l’épidémie de coronavirus –, c’est un redémarrage progressif et strictement encadré qu’ont pu observer les enseignants.
Une affluence exceptionnellement faible
À Soulac-sur-Mer, petite commune du littoral girondin, l’ambiance était singulière ce mardi matin le long de la grille qui rouvrait enfin ses portes. Les cris, les rires, les pleurs et les jeux ont laissé place à un calme étonnant. Sous le regard attentif du maire Xavier Pintat, le directeur de l’établissement scolaire Jules-Ferry Laurent Bisetto accueillait les premiers enfants pour un retour très attendu sur les bancs de l’école. Mais force est de constater que la majorité des élèves n’étaient pas au rendez-vous. « Moins d’un quart des écoliers étaient présents ce jour », reconnaît volontiers le directeur. Une statistique exceptionnellement faible, bien que justifiée par la limitation du nombre de classes, du nombre d’élèves dans celles-ci et de la volonté ou non des parents de renvoyer leurs enfants à l’école. « Conformément aux recommandations académiques, nous avons rouvert deux classes de moyenne et grande section, une classe de CP et une classe de CM2 [soit quatre classes au lieu de huit, NDLR] », explique Laurent Bisetto. « Ce matin, l’enseignement s’effectuait en groupes restreints de cinq à huit élèves, ce qui représente moins d’un quart de la présence habituelle », précise-t-il.
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Horaires différenciés, récréation échelonnée et adaptée, marquages au sol, lavage de mains, port du masque recommandé pour les enseignants, respect des gestes barrières et de la distanciation sociale… Le protocole sanitaire établi par l’exécutif et adapté localement a pu être parfaitement respecté par le corps enseignant. Malgré l’urgence de la situation, « nous avons travaillé main dans la main avec le maire de la commune afin de rouvrir dans les meilleures conditions et nous avons relevé ce défi avec brio », se félicite Laurent Bisetto. « Concernant les élèves restés à la maison, nous continuons d’assurer un distanciel par échange de mails et visioconférences en reprenant le même programme que celui suivi en classe. Notre objectif n’est évidemment pas de les sanctionner, mais au contraire de mieux les accompagner. »
Des parents rassurés
Si de nombreux écoliers sont donc restés chez eux ce premier jour de classe, certains parents étaient, eux, impatients à l’idée de remettre leurs enfants sur les bancs de l’école. « L’établissement a fait preuve de beaucoup de pédagogie et de bienveillance vis-à-vis des parents », rassure Cassandra, technicienne de surface et mère d’une écolière de CP. « Tout était parfaitement organisé et s’est très bien passé. Je suis convaincue que la réouverture était une bonne idée. Ma fille était ravie et a bien pris conscience des risques et des gestes à respecter. » Même son de cloche pour Benoît, directeur de supermarché et père de deux filles en classes de CP et CM2. « Comme tout parent, j’étais a priori inquiet par la reprise des classes pour des enfants si jeunes. Mais, finalement, les mesures mises en place sont prudentes et cohérentes. C’est très rassurant. Je suis donc favorable à la reprise de l’école dans ces conditions. »
Et puisqu’à quelque chose malheur est bon, voilà que cette situation sans précédent a permis de développer l’organisation et l’innovation dans l’école. « Avant la crise sanitaire, nous étions très mal préparés au numérique et à tout ce type de ressources. Désormais, nous sommes à la page puisque tous nos élèves ont pu poursuivre leur enseignement à distance pendant ces deux mois. Ce n’était pas du temps perdu, bien au contraire, nous avons appris à travailler autrement », se réjouit Laurent Bisetto, bien décidé à poursuivre ses efforts en ce sens.